Bonjour !
voici la suite avec les deux chapitres suivants. Bonne lecture et bonne fin de semaine !
CHAPITRE 6
Angel Grove, été 1999
Un vaisseau spatial trônait au-dessus d’immeubles du centre névralgique d’Angel Grove. Une horde de monstres terrorisant les citoyens, semblaient vouloir prendre possession des lieux mais ils avaient une requête.
De ce vaisseau, une femme, se proclamant cheffe et se nommant Astronema, avait annoncé la couleur.
- Je contrôle la Terre. Les Power Rangers sont quelque part parmi vous. Ils se cachent comme des rats ! Je n’accepterai pas cette situation !
Menaçante, l’antagoniste aux cheveux rouges accompagnées d’un de ses sergents qui ne s’était pas présenté, sembla sûre d’elle, déterminée.
- Je veux que vous me les ameniez, morts ou vifs ! continua-t-elle.
La retransmission télévisée différée de quelques minutes n’était pas terminée mais Kendrix, lassée par l’extrême redondance des agressions de la Terre, en avait suffisamment visionnée.
- J’avais encore quelques doutes sur ce départ, mais à la vue de cette folle qui en veut aux Rangers et au monde entier, je suis convaincue : mon futur c’est sur Terraventure !
- Kendrix, balbutia sa maman, plus la date fatidique de ton départ approche, et plus je suis triste de te voir nous quitter, sans savoir quand nous te reverrons et surtout… si nous te reverrons.
- Maman, je ferai tout mon possible pour vous revoir, dès que je le pourrai. Je déteste cette planète, mais pas suffisamment pour ne jamais y remettre les pieds de temps à autre, pour revoir ma famille.
- Je l’espère tellement…
Une franche accolade stoppa les secondes et la préparation intensive des valises : sans divulguer de date absolument fixe, l’organisme gérant l’immense logistique autour de Terraventure avait prévenu les futurs voyageurs de se préparer à un départ dans le trimestre à venir. Le bipper qui les préviendrait ne devait plus les quitter, et même les accompagner dans les espaces de commodité.
Lors du rendez-vous pour valider définitivement le départ, Kendrix avait dissimulé quelques signes d’hésitation à son interlocuteur, le commandant de la colonie, monsieur Stanton. Mais ce dernier avait si bien vendu Terraventure, qu’elle savait avoir pris la bonne décision : la récompense à l’issue du concours de tir était trop belle, trop séduisante et surtout unique pour décliner l’invitation.
Kendrix et sa maman furent coupées dans leur étreinte par leur père qui appelait du rez-de-chaussée, d’une voix rauque :
- Regardez la télé, c’est incroyable !
Kendrix ralluma l’appareil. Le flash spécial d’information filmait le chaos à Angel Grove :
« … et nous reprenons notre diffusion dans les conditions du direct, ou pratiquement, avec ce qu’il s’est passé il y a moins d’une minute : merci à nos envoyés spéciaux sur place ».
- C’est terrible… balbutia madame Morgan.
Les images insoutenables montraient les civils bombardés par des lasers de soumission : fort heureusement aucun blessé grave n’était à déplorer.
Puis une voix masculine, d’un garçon parmi cinq individus, perchés sur un bâtiment en ruines :
- Attendez une seconde ! Nous sommes les Power Rangers !
Le regard de Kendrix, parcourant les cinq courageux l’un après l’autre, revint sur la jeune femme à gauche. Elle la reconnaissait !
- Maman ! C’est elle, la fille qui s’est fait kidnapper par des monstres devant moi dans le parc, tu te souviens ?
- Oui…
La transmutation eut lieu : les Rangers étaient bien là.
- C’est la Power Ranger rose !
Désormais captivée par l’intervention des Power Rangers en ville, Kendrix mit ses préparatifs sur pause et suivit la retransmission. Elle aurait aimé les voir au plus près, mais elle avait peur de manquer de courage dans les derniers mètres, et rechuter mentalement.
Tel était le paradoxe de sa vie actuelle : elle se lançait un peu dans l’inconnu avec Terranova, une entreprise incertaine malgré de nombreuses garanties énoncées par ce Stanton lors de l’entretien préalable ; pourtant, ses fantômes du passé la hantaient parfois encore.
La télévision annonça avec soulagement la victoire des héros argenté, bleu, jaune, rouge, noir et rose, nommés après les recherches des journalistes les plus aguerris de la ville.
- Cassie, murmura Kendrix.
Seule dans sa chambre devant la télévision, Kendrix versa une larme, emplie de tristesse, de désolation, mais aussi de soulagement et de joie.
- Cassie, tu ne m’entends pas, mais je tenais à te dire qu’il y a quelques mois, je t’ai lâchement laissé te faire enlever par des monstres. La situation était délicate, j’ai eu la trouille : je suis une éternelle peureuse. Sache que je suis désolée. Mais ma vie va changer : je pars pour une incroyable aventure, et cette péripétie m’a permis de rejoindre le programme de colonisation galactique. Cassie, tu dois avoir mon âge ou pas loin, et tu fais preuve d’un courage exemplaire. Tu me motives à être meilleure, à me sortir de ces tourments, et à vaincre mes vieux démons.
Kendrix marqua une pause : elle respira une grande bouffée d’oxygène, et essuya sa larme.
- Cassie, je crois que nous ne nous rencontrerons jamais malgré mon voyage dans l’espace. Mais je te remercie, tout simplement, pour ce que tu représentes, ce que tu es, avec tes camarades Power Rangers. Tu resteras un exemple.
Kendrix termina de préparer ses valises, et, soulagée et sans trop savoir comment ni pourquoi, se débarrassa d’un lourd bagage du passé.
Elle enfila un blouson léger, descendit et prévint ses parents qu’elle reviendrait pour le dîner.
Il fallait qu’elle rencontre cette Cassie.
Obnubilée par ce défi, elle oublia de placer quelques items d’importance diverses dans ces sacs, à commencer par la photo du défunt Foxhound qu’elle tenait tant à emporter, pour le souvenir.
***
Le vélo n’avait jamais progressé aussi vite. Les combats terminés, Kendrix n’avait qu’un objectif en tête : s’il existait une chance sur un milliard de parler quelques secondes avec la Power Ranger rose, elle devait impérativement la saisir.
Le périmètre des décombres n’était pas totalement bouclé : Kendrix redoubla de malice et d’efforts pour se faire oublier des forces de l’ordre.
Elle aperçut le vaisseau, et au loin, Cassie qui s’apprêtait à monter à bord avec les autres Rangers.
- Je ne dois pas abandonner !
Elle s’élança, debout sur sa bicyclette, mais quelque chose sonna dans sa poche.
- Ce n’est pas le moment…
Elle retira le bipper de sa poche : le message indiquait une session d’entraînement au départ de Terraventure, et rendez-vous était fixé pour l’heure à venir, le temps de se rendre aux coordonnées dévoilées.
Déçue, elle fit demi-tour et regarda le vaisseau des Power Rangers décoller puis passer à basse altitude au-dessus d’elle.
Les reverrait-t-elle un jour ?
CHAPITRE 7
Septembre 1999
La mise en route concrète et ambitieuse du programme Terraventure fit autant d’heureux, préparés à une vie inédite, que de laissés pour compte, dans l’incapacité de se procurer le précieux sésame, prêts à abandonner la planète bleue sur un coup de tête ou via une mûre réflexion.
Un marché parallèle s’était organisé et certains tickets, véritables ou falsifiés, se délivraient à prix d’or. Le jour du départ, de nombreux citoyens tentèrent vainement d’obtenir des billets. La rumeur racontait qu’un jeune homme avait réussi à déjouer la surveillance des équipes de sécurité pour s’infiltrer à bord de Terraventure.
La rumeur disait vrai. Après avoir croisé l’intrus sans connaître son statut, Kendrix et Kai retrouvèrent sa trace dans de bien sombres circonstances, sur la Lune, lors d’une session d’entraînement très réaliste, peut-être trop selon la jeune femme en tenue militaire, prête à en découdre mais pas à tel point.
Et l’intrus se mua en héros. Le dénommé Leo Corbett secourut Kendrix. Pas le temps de faire connaissance : Kai et Mike sermonnèrent le nouvel arrivant. Sonnée, Kendrix regretta de ne pas prendre la défense de son sauveur, mais l’apparition d’une femme en tenue d’autochtone mit à un terme à la brouille.
L’enchaînement de péripéties. Un départ sur la planète de l’étrangère, sur Mirinoï, une planète assez semblable à la Terre, afin de secourir le peuple de la dénommée Maya. Les sabres Quasar, les nouveaux pouvoirs.
Le destin réserva bien des surprises : Kendrix Morgan devint la nouvelle Power Ranger rose, membre à son tour de l’équipe de justiciers qui l’avait tant fait rêver lorsqu’elle était adolescente.
Les jours suivants cette mystique et inattendue nomination et en complément d’un deuil difficile avec la perte de Mike Corbett, elle se posa beaucoup de questions, à commencer par l’inévitable : « pourquoi moi ». Pour autant, la première fois qu’elle avait revêtu la tenue rose renfermant des pouvoirs phénoménaux, Kendrix s’était sentie bien, jamais aussi sereine : une confiance reconquise, une force mentale décuplée, et l’impression d’être une Power Ranger depuis toujours.
Pourtant, elle avait conscience que la vie sur Terraventure et dans l’espace qui accueillait le voyage, n’était plus vraiment différente de celle connue sur la planète bleue : des attaques de monstres, des menaces et des gratte-ciels pris pour cible.
La compagnie de ses amis Damon, Maya, Leo et Kai lui était si agréable qu’elle regretta sa non-sociabilisation volontaire durant ces années sur Terre.
Elle s’épanouissait pleinement sur Terraventure. Bénéficiant d’un rôle majeur au sein de la colonie, avec ses avantages et ses obligations, Kendrix regrettait parfois la sévérité du chef, monsieur Stanton, qui maniait l’art de l’exigence et de la droiture. Il était un vrai meneur de troupe, un guide, cependant très strict et régulièrement cassant dans ses déclarations.
Un soir, de retour d’une mission où les Rangers reçurent pour la première fois le soutien de précieux alliés, les Galactazords, elle se décida à déballer complètement ses affaires, lasse de voir ses valises traîner dans le passage. La stupeur l’envahit lorsqu’elle s’aperçut qu’elle avait oublié la photo de Speedy.
Une semaine s’écoula, peut-être deux : Kendrix avait quelque perdu la notion temporelle depuis son départ. Un jour, alors que Kai et d’autres gestionnaires accoururent vers une salle de commandement présentant une anomalie grave, Kendrix reçut une dépêche écrite avec une priorité non absolue mais urgente : sa mère cherchait à la contacter.
Elle se rendit dans l’un des espaces de télétransmission, renseigna son code d’accès, la référence de la dépêche : la connexion s’établit.
L’image légèrement saccadée, aux teintes inégales, diffusa le visage de sa mère
- Bonjour maman !
- Bonjour ma chère fille. Je ne te vois pas très bien, mais tu es ravissante et tu sembles heureuse, comme en témoigne ce radieux sourire !
- Un sourire que je n’espère pas perdre... j’ai un mauvais pressentiment, je sens que tu ne m’appelles pas pour de bonnes nouvelles.
Le visage succinctement pixellisé de madame Morgan demeura grave.
- Ton père remarchait à peu près bien. Il a voulu s’exercer, un peu trop... il a trébuché dans l’escalier, il est tombé d’en-haut. Il est retourné à l’hôpital en urgence hier matin. Il est resté plongé dans le coma toute la journée d’hier, et ce matin il s’est réveillé. Il souffre d’un traumatisme crânien et de deux fractures au niveau de la jambe droite.
La nouvelle assomma Kendrix. Malheureusement, la suite des informations ne serait pas rassurante.
- Les médecins sont formels : ton père ne pourra plus jamais marcher. Les membres ont trop souffert. Ses jambes sont très abîmées. Trop pour quelconque espoir de retrouver une mobilité. De plus, le traumatisme crânien causé par la chute cache peut-être des lésions graves. On n’en sait pas davantage pour l’instant. Les pronostics médicaux sont, selon leurs termes... réservés.
- Comment ça ? s'affola Kendrix, nerveuse.
- Eh bien, les examens complémentaires organisés suite à l’accident, ont dévoilé des dommages au niveau du crâne, antérieurs. Ils pourraient dater de...
- De l’attaque du zord du Ranger vert dans les docks, je suppose...
- Oui.
Le temps alloué à la conversation s’écoula à grande vitesse. Kendrix assura à sa mère qu’elle ferait tout son possible pour revenir. Officiellement une permission demeurait impossible, mais un grand pouvoir impliquant de grandes responsabilités mais aussi quelques privilèges, sa qualité de Power Ranger galactique lui permettrait de s’absenter entre deux missions de sauvetage.
Après de longues minutes à pleurer dans la salle, quelqu’un frappa à la porte et entra doucement : une jeune collègue brune en uniforme entra.
- Bonjour Kendrix, je suis désolée de te déranger, mais nous avons une visioconférence urgente en provenance de la Terre. C’est la maman du jeune Matthew.
- Matthew ?
- Oui, le petit garçon qui a neutralisé les propulseurs. Tu n’es pas au courant ?
- Pas du tout, j’étais occupée. Pourquoi il a fait ça ?
L’agent lui expliqua que Matthew voulait à tout prix quitter la colonie et retrouver sa maman, sur Terre.
Kendrix comprit : elle était dans l’instant, porteuse du même projet.