Au tout début de la série, il n’y a pas vraiment de différence de traitement entre les cinq rangers. Jason est le chef mais n’est pas davantage mis en avant que les autres ou, en tout cas, pas beaucoup.
Les choses évoluent ensuite plus ou moins par hasard au gré des nécessités scénaristiques.
Les cinq épisodes d’introduction de Tommy font de lui le chouchou des fans (y compris moi, même si ça a bien changé depuis), avec Kimberly dont la beauté fait fantasmer tous les petits garçons (là encore, y compris moi).
Tommy devient alors vite la star jusqu’à son départ dans Turbo. La saison 3 tourne pas mal autour de Kimberly principalement parce qu’il n’y a pas de kakuranger rose et qu’il faut donc la traiter différemment des autres ce qui tombe plutôt bien vu la popularité du personnage. Cela permet l’introduction de Katherine qui prend elle aussi une part importante de l’histoire mais, paradoxalement, elle perd sa singularité sitôt qu’elle a remplacé sa rivale pour devenir une ranger parmi d’autres.
Pour passer à Zéo, il faut que l’un des garçons perde sa place de ranger. Le choix se porte sur Billy sans doute parce qu’il est le seul des quatre à pouvoir avoir sa place dans la série sans être un ranger. Là encore, cela permet à Billy de se distinguer et d’occuper une place à part. Zéo nous présente l’histoire du ranger doré en tant qu’intrigue finalement assez secondaire mais permettant tout de même à Trifos et surtout Jason fraichement ramené de briller un peu.
Turbo mise à fond sur Justin, l’idée étant que les enfants regardant la série pourraient facilement s’identifier à lui. Enorme erreur comme chacun le sait, Justin étant un des rangers les plus haïs (voire le plus haï).
Ensuite, on passe aux saisons de la période Judd Lynn (ou plutôt de la première période Judd Lynn puisqu’il est maintenant de retour). Là, tout devient très différent. Le scénario n’évolue plus de façon progressive et plus ou moins improvisée. Chaque saison a un scénario précis et chaque ranger et chaque méchant a une place bien fixée par l’intrigue (seule Karone est sortie des clous à un moment mais on y reviendra).
Grosso modo, le schéma est le même dans chaque saison et fonctionne d’ailleurs très bien, faisant de cette période de la série ma préférée et de loin. Le ranger rouge et le grand méchant sont le fil conducteur de l’intrigue principale. In Space est la série d’Andros et Astronema. Lost Galaxy est celle de Léo et Trakeena. C’est un peu moins vrai pour Lightspeed Rescue, le rôle de Carter se démarquant à peine de celui des autres et les méchants se partageant la vedette. Quand j’y pense, c’est peut être la saison où les méchants sont le plus mis en avant. Time Force revient au schéma ranger rouge/grand méchant avec Wes et Ransik.
Concernant les autres rangers, le sixième a une intrigue secondaire qui prend une place non négligeable mais loin de pouvoir éclipser le rouge. Les quatre autres sont là parce qu’il le faut bien. Evidemment, ils ont chacun leur personnalité et leurs sous-intrigues mais, en ce qui concerne l’intrigue principale, ils font plus partie du décor qu’autre chose. Seule Jen fait exception mais c’est parce qu’elle fait partie intégrante de l’intrigue de Wes. Karone est à part car le fait qu’elle devienne une ranger est une sorte d’accident de parcours dû à la maladie de Valérie Vernon. D’ailleurs, sitôt devenue une ranger, elle rentre dans le rang et devient une plante verte (ou une plante rose?).
Wild Force n’a pas été fait par Judd Lynn mais respecte assez bien ses codes. C’est la saison de Cole et du Maître des Orgs, avec une intrigue secondaire pour Merrick tendis que les quatre autres rangers jouent les second-couteaux.
Avec Ninja Storm et Dino Thunder, c’est très différents. Déjà, on commence à trois plutôt qu’à cinq. Ensuite, les rangers rouges ne sont plus du tout les centres d’intérêt: Shane et Connor sont peut-être les rangers rouges les plus creux et vides de la série. Autre grande particularité de ces saisons: chacune n’a qu’une seule fille. Syndrome de la Schtroumpfette oblige, Tori et Kira se retrouvent bombardées reines des abeilles et deviennent les stars de leur saison, Kira réussissant même à voler la vedette à Tommy en personne (rien que ça). Non pas que ça me gêne que des filles soient au premier plan mais, le souci, c’est que Tori et Kira, contrairement aux rangers rouges des saisons précédentes, n’ont pas d’histoire particulière ni d’enjeu personnel. En parfaites schtroumpfettes, elles sont là pour se montrer et c’est tout.
SPD joue une carte inédite en mettant en avant les rangers bleu et vert. C’est Sky et non Jack qui a l’histoire la mieux construite et la loufoquerie de Bridge en fait une star. C’est assez remarquable, les rangers occupant ces places-là n’ayant guère brillé dans les anciennes saisons vu qu’ils ne devaient pas marcher sur les plates-bandes du premier rôle en rouge et qu’ils n’avaient pas les attributs nécessaires pour faire fantasmer les petits garçons (sauf Tori mais son équipe n’était pas du tout dans le même schéma que le classique rouge, bleu, jaune, vert/noir et rose/blanche).
Mystic Force et Operation Overdrive renouent avec les codes Judd-Lynniens si j’ose dire. Tout sur le rouge. Seulement voilà, n’est pas Judd Lynn qui veut. Bruce Kalish y met du coeur (ça se sent et je le respecte pour ça) mais il n’arrive pas à nous faire aimer Nick et Mack autant qu’Andros, Léo et Wes.
Jungle Fury, frappé du Syndrome de la Schtroumpfette, aurait pu faire de Lily une reine des abeilles mais ce n’est pas vraiment le cas. Au lieu de ça, on s’efforce de se concentrer sur Casey en montrant bien que c’est le moins bon, celui qui doit s’entrainer le plus et auquel on est censé s’identifier. Sauf que, comme pour Tori et Kira, il lui manque une histoire personnelle pour en faire un personnage spécial. Du coup, ça tombe à plat et le ranger le plus mémorable de la saison est finalement RJ, le senseï rigolo.
RPM est un cas un peu bizarre. On a un copier-coller de la relation entre Cyclope et Wolverine dans X-Men. Le chef de l’équipe (donc, ici, le ranger rouge) a tout pour être le parfait héros mais se fait voler la vedette par un anti-héros imbuvable qui me donne envie d’étrangler mon écran à chaque fois qu’il y apparaît. Je sais qu’il y en a qui aiment Dillon (et Wolverine) mais ça me dépasse. Je suis à fond du côté de Scott (Truman ou Summers, peu importe). Fait intéressant: le Dr K prend de plus en plus d’importance petit à petit au point de concurrencer les rangers. Un peu plus et c’était elle le personnage principal ce qui ne m’aurait pas déplu.
Avec Samuraï et Super Samuraï, on mise à nouveau sur le rouge. Jayden campe bien son rôle. Ça aurait pu être une saison grandiose mais l’intrigue globale est malheureusement loin d’être assez fournie pour ça.
Megaforce et Super Megaforce nous balancent des rangers sans grand intérêt. On excite notre curiosité au début avec les rêves de Troy mais le résultat est bien décevant. D’ailleurs, j’y pense. Ces rêves, on ne sait toujours pas d’où ça venait, si? Celui qui se fait le plus remarquer est peut-être Jake avec son obstination à poursuivre Gia de ses assiduités. Vous vous rendez compte où on en est?
Pour Dino Charge et Super Dino Charge ben… J’ai un peu honte de le dire mais je n’ai vu que très peu d’épisodes. Je réserve donc mon jugement.
Récapitulons.
Les rangers Mighty Morphin/Zéo ont une aura particulière du fait qu’ils sont les premiers. En particulier Jason (le tout premier ranger rouge), Tommy (le chouchou des fans qui a longtemps été le héros), Kimberly (le fantasme de tous les petits garçons), Billy (le grand génie) et Adam (qui n’a rien de spécial mais auquel on s’est attaché à la longue au contraire de Rocky à qui nombre de fans n’a jamais pardonné d’avoir remplacé Jason).
Chez les rangers de Judd Lynn, ce sont surtout les rouges qui priment avec Andros, Léo et Wes (désolé Carter) grâce aux intrigues soignées les concernant. Et c’est Andros le plus marquant des trois du fait de l’importance de sa saison dans l’Histoire de la série. Il y a Jen bien sûr, la seule vraie exception dans cette période du « tout sur le rouge ». Karone nous a tous marqués mais surtout en tant qu’Astronema, sa prestation de ranger étant assez pitoyable.
Viennent ensuite les deux schtroumpfettes reines des abeilles, Tori et Kira, suivies de Sky, le ranger rouge habillé en bleu plutôt qu’en rouge et de Bridge, le ranger le plus dément de la série. Le choix des vétérans dans Once A Ranger est d’ailleurs assez éloquent.
Les trois saisons suivantes n’arrivent pas à nous sortir des rangers vraiment mémorables. RPM nous donne Dillon à mon grand désespoir. Je vous ai dit que je le détestais celui-là?
Jayden réussit plus ou moins à capter l’attention.
Enfin, rien de bien folichon dans Megaforce et Super Megaforce. On guette les caméos des anciens rangers plus qu’on s’intéresse aux nouveaux.